Tribune : Si la santé mérite toute notre attention, la démocratie ne peut être entravée
Le "passe vaccinal" n’a rien de sanitaire : il est un outil politique au service d’un gouvernement qui gère la situation à l’aveugle, au coup par coup, pour aller toujours un peu plus loin.
Cela fait deux ans que le gouvernement dispose des "pleins pouvoirs" pour gérer la crise sanitaire. Si, bien sûr, face à l’urgence de la situation en 2020, il convenait de prendre toutes les dispositions nécessaires, force est de constater que, plus le temps passe, plus les règles "d’exception" tendent à devenir la norme.
La science et la recherche sont indéniablement des remèdes efficaces pour traiter et endiguer des pandémies. Mais pour autant, doit-on, pour ne pas risquer de se faire taxer d’"antiscience" ou d’"antivax", accepter la règle d’un tout sanitaire conjugué à des restrictions perpétuelles de liberté ?
Il est indéniable que, depuis plusieurs semaines, au fil des jours (et des nuits) de débats au Parlement, il se lève un voile sur une cruelle et dramatique réalité pour notre démocratie : information vérifiée, analyse critique et intérêt national ne constituent manifestement plus les fondements d’un vote éclairé. Et pourtant, c’est bien cela que les Français attendent de leurs élus : que nous les représentions, que nous portions leur voix et non que nous validions aveuglément des dispositifs non efficaces et pris à contretemps.
En cela, le "passe vaccinal" (en refusant par ailleurs toute modalité d’extinction comme le proposait le Sénat) est devenu un outil politique et non sanitaire d’une crise gérée à l’aveugle et au coup par coup pour aller toujours un peu plus loin. En instaurant un tel dispositif, le gouvernement cherche à exclure. Qui ? À quelle fin ? Pourquoi ? Cela devrait être une lapalissade d’affirmer qu’en démocratie, les élections sont primordiales et encore plus la participation de tous les Français à celles-ci pour qu’ils puissent exprimer leurs attentes pour la France. Et pourtant, lors d’une nuit de débats, à l’Assemblée nationale (à 4 heures du matin très exactement), quel ne fut pas mon étonnement de voir rejeté un amendement très simple pour assurer que les bureaux de vote soient définitivement exclus formellement de la liste des lieux "sous passe vaccinal".
Comme beaucoup de Français, j’ai été particulièrement interpellée d’autant que cette discussion a eu lieu tout juste après les propos d’Emmanuel Macron évoquant de potentiels "non-citoyens" (sans droits civiques donc) et quelques jours avant la consultation du Conseil constitutionnel sur de nouvelles modalités de vote en raison de la crise. D’aucuns rétorqueront que nos démocraties libérales ne sont pas la République populaire de Chine et que des outils de contrôle de la population comme le système de crédit social couplé à la reconnaissance faciale systématisée ne seront jamais mis en œuvre dans nos pays occidentaux. S’ils ignorent sans doute les dérives que connaissent parfois de grandes démocraties, il ne faut pour autant pas céder à la panique.
Si nous ne devons rien concéder de nos libertés, gardons à l’esprit deux maîtres mots : vigilance et action pour préparer l’alternance avec Les Républicains et sanctionner le bilan politique désastreux de dix ans de gauche au pouvoir.