TRIBUNE - Des artisans au service du Beau et de l’Excellence
En fin d’année dernière, la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale a installé une mission d’information consacrée aux métiers d’excellence et aux métiers d’art. J’ai eu l’honneur de présider ces travaux et de mener cette réflexion avec deux autres collègues issus, pour leur part, de la majorité. Tous trois sensibles à ces sujets, nous avons mené ensemble durant 3 mois, de nombreuses auditions et effectué plusieurs visites de terrain.
Les métiers d’art sont l’héritage de savoir-faire précieusement élaborés au fil des siècles, ils sont les gardiens des gestes rares qui font partie intégrante de notre patrimoine. Ils offrent aujourd’hui une palette de plus de 280 métiers répartis sur l’ensemble du territoire national, ils participent au dynamisme de nos régions et sont une vitrine d’excellence contribuant au rayonnement de la France.
Depuis plusieurs années, l’avenir des métiers d’art me préoccupe et notamment la problématique de la transmission qui se pose de plus en plus à ces artisans qui exercent ces métiers rares : comment protéger et valoriser nos métiers manuels et ces professions qui sont une vraie richesse pour la France ?
Partout sur le territoire national mais aussi particulièrement en Anjou, territoire que je connais naturellement mieux que les autres, nous portons en notre sein une véritable tradition de l’artisanat d’art : ardoisiers, rampistes, artisans bottiers, ornemaniste, tailleurs de pierre (et spécialement du tuffeau), etc. et également une préoccupation pour la formation avec des établissements tels que l’institut supérieur européen de l’enluminure et du manuscrit, l’École supérieure d’Arts Appliqués, de Design et de Multimédia d’Angers ou encore les nombreuses structures locales portées par l’association l’Outil en Main.
Les métiers manuels sont le témoignage du génie de l’homme et la preuve vivante de l’importance de l’apport permanent de ces métiers au développement des civilisations, et de la nôtre en particulier. Ces hommes et ces femmes à l’infinie patience, qui travaillent minutieusement chaque jour pour offrir le plus Beau de ce que l’on fait en France et de la promotion de notre art de vivre à la française sont notre fierté.
Et pourtant, il est impossible de nier qu’il existe aujourd’hui un risque d’affaiblissement de l’artisanat d’art en raison de la méconnaissance de la portée de ces métiers dans l’économie nationale et internationale.
C’est pour cela que je plaide pour une véritable politique publique qui redonnerait toutes ses lettres de noblesse à l’artisanat d’art français.
La première des priorités est d’accompagner nos artisans (comme tout entrepreneur français d’ailleurs) en leur facilitant la vie sans les entraver dans leurs initiatives ou les accabler par de la bureaucratie ou de la sur-transposition des normes européennes.
La deuxième est la nécessité d’alléger la pression fiscale, notamment en harmonisant à la baisse le taux de TVA appliqué aux professionnels des métiers d’arts indépendamment de leur statut.
La troisième est de remettre en place (il a été supprimé en 2017 par la majorité d’Emmanuel MACRON) un groupe d’études métiers d’art à l’Assemblée nationale qui permettrait de favoriser un travail parlementaire de long terme sur le sujet, et d’ancrer durablement les métiers d’art dans le champ de réflexion et d’action du législateur français.
Enfin et surtout, je souhaite le développement d’une réelle culture des métiers d’art en augmentant le temps de sensibilisation et d’initiation de nos jeunes élèves aux métiers de l’artisanat. Car la question de la transmission et de la sauvegarde de ces gestes si minutieux aux nouvelles générations est brûlante.
Les métiers d’art dépassent la simple maîtrise d’un savoir-faire. Ils permettent à ceux qui les pratiquent de partager un véritable travail d’excellence. Cette richesse rayonne dans nos villes, dans nos campagnes, au sein de nos ateliers pour éveiller de nouvelles vocations.
La rénovation de notre patrimoine national unique, la promotion de notre art de vivre ainsi que la place de la France dans le monde dépendent en partie de la vitalité de ses métiers d’art sur la scène nationale comme internationale.
La France et les Français sont fiers de leurs artisans, donnons-leur les moyens de perpétuer nos traditions et de continuer à proposer leurs talents à nos enfants et aux yeux du monde.