Maine-et-Loire. Un mois sans internet : « Imagine-t-on ça dans un arrondissement parisien ? »
À La Breille-les-Pins, au nord de Saumur (Maine-et-Loire), une centaine d’habitants viennent de passer un mois sans internet ni téléphone. Personnes âgées isolées ou chef d’entreprise, ils racontent un quotidien rythmé par l’inquiétude face à l’absence de connexion.
Sur une carte, la commune de La Breille-les-Pins, au nord de Saumur (Maine-et-Loire), semble ceinturée par une épaisse forêt. Depuis le 18 octobre, une partie de ses habitants sont encore plus coupés du monde. Ils n’ont ni accès internet, ni téléphone fixe, ni télévision. La faute a des ouvriers qui ont coupé par accident un câble de l’opérateur Orange lors de la mise en place de la fibre.
Être privé de réseau, qu’est-ce que cela veut dire concrètement ? « Un mois c’est très long pour une entreprise » , soupire Claire Beaufils, l’une des associés de la Maison des abeilles, qui vend du miel et des produits dérivés. « Orange nous a donné en dépannage un boîtier 4G pour traiter nos commandes et nos mails. Mais ça rame. Alors je travaille quand je reviens chez moi, à Saumur. »
Un retraité seul dans la forêt sans internet ni téléphone portable
Dans le hameau de La Poitevinière, Ghislaine fait partie des habitants isolés de force. Mais elle relativise car il y a des cas plus graves. « J e connais un retraité qui vit tout seul dans la forêt. Lui, c’est bien pire. Il n’a rien car là où il habite le portable ne capte pas ».
Nous avons cherché à retrouver cet habitant avant de nous égarer sur les petites routes forestières… Et de passer devant la maison de Monique, 86 ans, bras croisés à sa fenêtre, en discussion avec son fils, Gérald.
« J’ai une présence verte (1), rapporte la vieille dame, mais elle ne fonctionne plus puisqu’elle est reliée au téléphone. Alors je me promène partout avec mon portable. » Son fils vient la voir régulièrement avec ses frères et sœurs. « On passe deux fois par jour. Le risque c’est qu’elle tombe et qu’elle ne puisse pas nous appeler. »
« Imagine-t-on laisser des gens sans eau ni électricité ? »
Dans la parole des habitants, on trouve de l’agacement pour certains, de la fatalité pour beaucoup. Comme quelque chose qui semble les dépasser. La colère c’est la maire de La Breille-les-Pins, Armelle Poncet, qui la porte : « Ce que je trouve scandaleux c’est qu’on puisse laisser des gens sans internet pendant un mois. Imagine-t-on les laisser sans eau ni électricité ? Ce n’est pas imaginable. »
Elle en veut surtout à l’opérateur Orange. « Ces gens communiquent tous les jours pour nous dire combien leur entreprise est formidable. Et nous, de notre village, on essaie d’avoir un responsable et c’est très difficile. Pourtant on appelle tous les jours, on envoie des mails mais cela ne débouche pas pour autant. »
« Les communes rurales se sentent abandonnées »
Le salut viendra peut-être de Paris curieusement. Car la députée de la circonscription, Anne-Laure Blin, a fait du ras-le-bol des communes rurales angevines le cœur de sa question à l’assemblée nationale, mardi 16 novembre.
« Elles se sentent abandonnées, nous explique la députée. Pour Breille-les-Pins, je suis intervenu auprès d’Orange pour que la situation revienne rapidement à la normale. Imaginez cette panne dans un quartier du 16e arrondissement à Paris. Jamais cela n’aurait eu lieu. »
Dans la soirée de ce mercredi 17 novembre, nous avons sollicité l’opérateur Orange qui nous a répondu qu’il n’était pas en mesure de répondre dans l’immédiat sur les raisons d’une aussi longue panne.
(1) Une téléassistance pour personne âgée qui est actionnée en cas de malaise.