TRIBUNE - Séparatisme : ne sacrifions pas nos libertés

TRIBUNE - Séparatisme : ne sacrifions pas nos libertés

TRIBUNE - Séparatisme : ne sacrifions pas nos libertés

Anne-Laure Blin, députée Les Républicains du Maine-et-Loire, revient sur le projet de loi confortant le respect des principes de la République qui arrive lundi en séance publique à l’Assemblée nationale et estime qu’en s’attaquant à l’instruction en famille, "le gouvernement se trompe de cible".

Depuis la semaine dernière, l’Assemblée nationale débat des mesures qu’il convient d’adopter pour lutter contre le séparatisme dans notre pays. Au lieu de quoi, c’est à une remise en cause de nos libertés que nous assistons. La France vit sous une menace terroriste islamiste particulièrement vive. Menace endogène puisque ceux qui la portent naissent, grandissent, vivent et frappent sur notre territoire. Indéniablement, face à cela, il nous faut plus que jamais proclamer et défendre nos libertés. Car c’est pour elles que plus de 300 victimes sont tombées, assassinées par des terroristes islamistes.

Bien loin de cela, le gouvernement vient les remettre en question ; notamment celle, fondamentale, d’instruire. Ce n’est pas le moindre des paradoxes s’agissant d’un projet de loi qui a pour titre le respect des principes de la République.

Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? En octobre dernier, aux Mureaux, le président de la République désigne l’instruction en famille comme cause de tous nos maux et assume ’changer de paradigme’ pour s’attaquer au séparatisme islamiste. Dans le même discours, il cible aussi les enfants déscolarisés et les écoles clandestines. Voilà les vraies sources du problème : des milliers d’enfants échappent aux radars de l’Education nationale par défaut de suivi et de contrôle de nos institutions. Mais de cela, le projet de loi ne dit mot ! Le texte préfère se limiter à un mode d’instruction qui ne touche que 60.000 familles en France, sur lequel il n’y a eu aucune étude précise et alors que jamais un terroriste islamiste n’en a été issu.

Il y a quelques mois, devant le Sénat, le ministre de l’Education nationale reconnaissait que l’instruction en famille était suffisamment encadrée et contrôlée. Jean-Michel Blanquer se retrouve aujourd’hui dans la délicate position de faire admettre à l’ensemble de la majorité que sa suppression mettra fin à l’affront que certains font à notre République.

Notre pays dispose d’un système éducatif large qui prend en compte les différences et permet avec souplesse de donner une place à tous. Les parents et les familles sont les premiers éducateurs de nos enfants. L’Etat n’a pas à se substituer à leur rôle dans l’éducation. Mais il doit leur donner les clés de la réussite, les accompagner pour donner à chacun les moyens de s’épanouir. Ne pas les juger mais les réconcilier avec l’État, ses valeurs et ses principes.

Plutôt que les désigner comme les premiers responsables des déviances islamistes, le gouvernement devrait se réjouir de l’implication des parents ayant fait le choix de l’instruction en famille quand d’autres manifestent une trop faible responsabilité dans l’éducation de leurs enfants. Mais pour ne pas s’attaquer à la vraie minorité agissante de parents qui refusent sciemment nos principes fondateurs, le gouvernement sacrifie toutes les familles de France qui suivent les règles établies.

A rebours d’une vision liberticide, il nous faut revenir aux sources des pères fondateurs de l’école publique, basées sur la maîtrise du socle des connaissances indispensables mâtiné de morale républicaine. C’est ce qui donnera aux enfants l’accès aux savoirs émancipateurs, comme le souhaitait Jules Ferry.

La méritocratie républicaine, si elle est effective, aura raison des discriminations (fussent-elles positives) et des radicalismes dans un pacte unissant l’instruction sous toutes ses formes, les enfants et leurs parents. L’Etat doit nécessairement garantir une instruction pour tous, dans le respect de la liberté de chacun, avec la possibilité de passer d’un mode à un autre : public, privé sous contrat, privé hors contrat, en passant par l’instruction à la maison. Cette diversité est une richesse qui permet la prise en compte de la personnalité, de la sensibilité, des qualités mais aussi des difficultés de chaque enfant.

En voulant imposer le ’tout-Etat’, Emmanuel Macron et le gouvernement se trompent de cible, mais surtout ne résoudront pas le problème. Ce projet de loi illustre un jacobinisme borné d’un autre âge, qui bride toute initiative et réduit nos libertés fondamentales. Pire, il ne crée pas la confiance nécessaire qui doit exister dans toute communauté nationale. Portons notre nation en défendant la liberté comme valeur cardinale.


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