Tickets restaurant pour étudiants : « Les fragilités augmentent de jour en jour »

Tickets restaurant pour étudiants : « Les fragilités augmentent de jour en jour »

Tickets restaurant pour étudiants : « Les fragilités augmentent de jour en jour »

La proposition de loi déposée mardi par Anne-Laure Blin (LR), qui vise à créer des titres restaurants pour les étudiants, est soutenue par une soixantaine de députés de tous bords. Le dispositif permettrait aux boursiers et non boursiers de manger en dehors des Crous.

La députée Anne-Laure Blin (LR) a déposé mardi une proposition de loi pour créer des tickets restaurants destinés aux étudiants. Sur le même modèle que ce qui existe pour les salariés, ce dispositif pour les boursiers et non boursiers permettrait à chacun de se restaurer ou de faire des courses à bas prix en dehors des restos U. Une soixantaine de députés de l’opposition et quelques LREM soutiennent cette proposition face à la précarité grandissante des étudiants en pleine crise sanitaire.

Est-ce la première fois qu’un ticket restaurant pour étudiants fait l’objet d’une proposition de loi ?

Oui. Ce sujet a d’abord été évoqué dans les instances universitaires par un certain nombre de représentants étudiants. L’idée est de répondre à une demande très concrète des étudiants, dont les fragilités augmentent de jour en jour. Je souhaite que ce soit mis en débat le plus vite possible à l’Assemblée qu’il y ait un effet rapide dans les campus. Depuis des années, nous constatons qu’il y a un sujet sur la gestion de la restauration universitaire. Le modèle du Crous est fragilisé, encore plus par la crise sanitaire. On constate que la fréquentation des restaurants universitaires baisse, que ça n’est plus en adéquation avec la demande des étudiants qui recherchent une restauration rapide, pratique, et qui souhaitent aussi cuisiner dans leurs appartements, pouvoir faire leurs courses et donc diversifier leur mode de consommation.

En quoi les dispositifs déjà existants sont insuffisants ?

Quand vous voulez bénéficier du tarif social étudiant aujourd’hui, il faut aller dans un lieu agréé Crous, donc soit un RU, soit une cafétéria. Un bon nombre d’étudiants sont donc laissés sur le côté, notamment dans les villes où il n’y a pas de RU. Cela isole. A l’inverse, ce ticket est pour l’ensemble des étudiants, boursiers et non boursiers. Parce que les repas à 1 euro dans les RU, mis en place par le gouvernement, ne sont accessibles qu’aux boursiers. L’idée est intéressante mais elle ne rassemble pas la totalité de la population étudiante. De plus, les repas n’y sont pas forcément équilibrés et certains RU sont encore fermés.

La moitié des 6,60 euros que vous proposez serait prise en charge par l’Etat. Qui finance l’autre moitié ?

L’étudiant. Aujourd’hui, celui-ci achète déjà son repas au Crous 3,30 euros et l’Etat complète. On continuerait sur le même principe avec les tickets. L’étudiant aura à débourser la même somme qu’avant. Le modèle économique ne changerait pas mais il ouvrirait des possibilités de restauration autres que le RU. L’idée rassemble des collègues de différents groupes politiques, ce qui montre que c’est quelque chose qui dépasse les clivages. On est dans une urgence, face à des étudiants qui sont en grande difficulté, c’est un sujet lourd.

Libération - 12 février 2021