Saumur-Nord : Entretien avec la députée Anne-Laure Blin
SK : Durant ce premier mois, quels ont été les dossiers majeurs que vous avez portés et suivis ?
ALB : « Il est vrai que je suis tombée dans un calendrier particulièrement chargé en ce qui concerne les sujets traités à l’Assemblée. Quelques jours après mon élection, je suis intervenue pour la première fois lors d’un texte sur la condition animale proposé par Cédric Villani (N.D.L.R Député Démocratie Ecologie Solidarité de l’Essonne). Ce texte global évoquait notamment les thématiques de la chasse et de l’interdiction des animaux dans les cirques. Pour cela j’ai rencontré bon nombre d’acteurs de ces deux secteurs. J’ai échangé longuement pour cerner avec eux les différents aspects de la question. J’y ai défendu la chasse traditionnelle et me suis opposée à l’interdiction des animaux dans les cirques. Autre gros dossier, que nous avons traité, celui de l’état d’urgence. Nous devions donner d’importantes prérogatives à l’exécutif, j’ai voté contre. »
SK : Pourquoi ? Quelle est votre position sur le sujet ?
ALB : « Tout d’abord, je tiens à préciser qu’il n’est aucunement question de remettre en question la contamination ou de nier l’importance du virus. Je déplore simplement la façon d’opérer de l’exécutif. On nous demande de donner des clefs au gouvernement pour qu’il puisse agir, toutefois on refuse de nous donner toutes les informations. Nous n’avons pas la possibilité d’avoir une vision globale sur le sujet. Olivier Véran, le ministre de la Santé, est en effet venu échanger avec nous et exposer les faits sanitaires. Mais nous n’avons pas eu le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur… L’état d’urgence est tout de même d’une durée de 6 mois et impacte divers domaines, il aurait été normal que l’on connaisse toute l’étendue du sujet, pour pouvoir l’adopter en toute connaissance. On apprend les choses au dernier moment, il s’agit d’une véritable dépossession du Parlement. »
SK : Vous reprochez donc un manque de transparence ?
ALB : « Il y a en effet un manque de clarté. Au-delà de ça, je ne comprends pas vraiment la stratégie de l’exécutif. Il y a selon moi un important problème de communication. On nous dit que l’on passe en couvre-feu et en état d’urgence, mais à côté de ça, on incitait il y a quelques semaines la population à partir en vacances. Il faut être plus clair et avoir une stratégie définie. Par ailleurs, cela fait 7 mois que l’on nous parle d’une seconde vague, aujourd’hui elle est bien là, mais qu’a-t-il été prévu durant ce laps de temps ? Il n’a par exemple pas été pris beaucoup de mesures pour soulager les hôpitaux et les soignants. Autant nous avons été pris au dépourvu l’hiver dernier, mais cette fois-ci, on savait vers quoi on allait, on ne peut décemment pas reproduire le même scénario. J’ai déposé au début de mon mandat une proposition de loi pour augmenter massivement les recrutements dans les EHPAD. Elle devrait être débattue début décembre. »
SK : Après cet aspect national, pouvez-vous dresser un premier bilan plus local ?
ALB : « En effet, nous sommes des élus nationaux, il faut que l’on ait à l’esprit la France. Pour autant, on est élu au sein d’un territoire, d’une circonscription administrative. Il faut que l’on soit au plus près du terrain, de la population, il faut l’écouter. Cette partie est très importante pour moi. Jusqu’à maintenant, je me suis beaucoup déplacée lors de manifestations, pour aller à la rencontre des acteurs du territoire. On m’a alertée sur des problèmes locaux, comme la hausse de la taxe de traitement des déchets dans le Longuéen ou au sujet de l’instruction à la maison dans le Noyantais ou à Marcé. Il est indispensable d’écouter ce que les habitants disent, pensent et souhaitent, car ils sont le reflet de la société. Lorsque je discute avec mes homologues, ils ressortent les mêmes questionnements et problèmes sur d’autres territoires. Je vais lancer une permanence mobile et, d’ici la fin de l’année, je me rendrai dans chacune des communes de la circonscription pour échanger avec les habitants. »
SK : Et avec les élus du territoire avec lesquels les relations n’ont pas toujours été évidentes durant la campagne, qu’en est-il ?
ALB : « Nous n’avons pas eu d’échange en particulier avec les élus concurrents, notamment durant l’élection législative partielle. Toutefois, je n’en tire aucune animosité et je me déplacerai dans ces communes du Noyantais ou du pays Allonnais sans problème. J’échangerai sans aucun souci. Certains, durant la campagne, ont cru bon d’avancer leur argument et de dénigrer ma légitimité à être élue du territoire. Ce n’est pas ma façon de faire, j’ai mené une campagne positive, sans critique et je crois que les électeurs y ont été sensibles. Je connais bien le territoire et en suis très proche. Il y a énormément de choses à faire et j’essaye d’être partout. J’ai honoré tous mes rendez-vous locaux comme nationaux. Il était important qu’il n’y ait pas de discontinuité dans le mandat. »
SK : Justement, quelle relation entretenez-vous avec Jean-Charles Taugourdeau ? Est-il un ancrage ou un relais local pour vous, notamment pour toutes les situations du quotidien ?
ALB : « Non pas du tout. Il avait pour ambition de se consacrer à la ville de Beaufort-en-Anjou et c’est ce qu’il fait. Il porte de vrais projets pour sa commune. Il est maire et je suis la députée et chacun tient son rôle. Il est bien évidemment mon suppléant, mais cela s’est fait comme une marque de soutien pour montrer qu’il croyait en moi. Chacun tient son poste et il reste mon suppléant et prendra ma place de député, seulement s’il m’arrive quelque chose de grave m’empêchant d’occuper ma fonction. »