Courrier de l’Ouest. "Je promeus le travail avant tout"

Courrier de l'Ouest. "Je promeus le travail avant tout"

Courrier de l’Ouest. "Je promeus le travail avant tout"

Avec de nouvelles responsabilités au sein du parti Les Républicains, la députée de Saumur Nord Anne-Laure Blin entend porter la voix de la droite dans le débat sur la réforme des retraites.

Élue députée en 2020 pour succéder à Jean-Charles Taugourdeau dans la 3e circonscription après avoir été sa collaboratrice, Anne-Laure Blin (Les Républicains) a été réélue en 2022. Elle est la seule députée LR de la Région Pays de la Loire.

Vous venez d’être nommée secrétaire générale adjointe au sein de LR. Quelles seront vos missions ?

C’est une belle preuve de confiance qu’on m’a faite là, cela marque mon engagement aussi. Notre rôle est d’entourer Éric Ciotti dans la réorganisation du parti en vue de gagner l’élection présidentielle 2027. Nous devons reconstruire LR, retrouver ce lien qu’on a eu avec les Français quand on était au pouvoir. Emmanuel Macron a réussi à casser les partis, mais on voit que le fameux « en même temps » ne fonctionne pas. Ce qui fonctionne, c’est la ligne claire, la vision. Nous voulons créer à nouveau ce lien de confiance.

L’actualité parlementaire est dense, notamment avec la réforme des retraites…

C’est un sujet qu’il est indispensable de traiter, sauf qu’on n’est pas dans un calendrier idéal, entre la crise énergétique pour les entreprises et l’inflation galopante qui touche le pouvoir d’achat des ménages. Dans une échéance très courte, on demande aux gens de partir plus tard à la retraite. Notre système par répartition faisait jouer la solidarité entre les générations. Ça pouvait être juste mais ça ne l’est plus. Il faut sauver ce système mais aussi se poser la question de l’équilibre avec d’autres systèmes, par capitalisation par exemple, qui existe pour certains métiers. La réforme pourrait créer davantage d’iniquités, au détriment des femmes, des carrières hachurées ou des statuts d’indépendant.

Comment éviter cet écueil ?

Posons-nous la question du sens du travail. Certains y voient une source d’asservissement, j’y vois une source d’épanouissement, de plus-value. Ce droit à la paresse aujourd’hui revendiqué est le fruit conjugué de la retraite à 60 ans impulsée par François Mitterrand, qui avait créé le fameux ministère du Temps libre, et du passage aux 35 heures. La valeur du travail a été galvaudée : n’oublions pas qu’on crée de la richesse par le biais du travail. Il y a aussi une politique de natalité à développer. Cela fait quinze ans qu’on sape la famille et cela paupérise la population.

Donc vous êtes plutôt favorable à cette réforme ?

LR n’est pas dans un esprit de blocage. On pose juste des lignes rouges. Oui à la réforme, sous certaines conditions, notamment la progressivité des mesures. Les gens ont besoin de visibilité, on peut éviter la brutalité. Qu’on ne fasse pas de l’âge de départ un totem : je privilégie les 43 ans d’annuités, qui bénéficient aux carrières longues. Le travail doit être mieux valorisé. Si le gouvernement veut faire adopter sa réforme, il a besoin de nous. Nous sommes en mesure, à LR, d’imposer nos propositions. Je promeus le travail avant tout. Les politiques sociales ne favorisent pas la valeur travail. Notre système nous donne des droits, pas une rente à vie. Emploi, démographie, immigration, politique sociale, l’Éducation nationale, tout est lié…

Et que préconisez-vous ?

Par exemple, j’en ai assez de la lobotomisation au sein de l’Éducation nationale, de ce nivellement par le bas, du détournement de la pensée qui ne permet pas de réflexion individuelle. On véhicule des messages déconstructeurs à l’école, c’est du bourrage de crâne. Prenez l’exemple de l’alimentation, avec cette bien-pensance, aujourd’hui tout doit être vegan. On n’a plus le droit de manger de la viande ou de boire un verre de vin. On ne peut pas se voir imposer une vision et se taire. Ce sont tous les savoir-faire agricoles qu’on est en train de massacrer. On doit laisser vivre les gens.

Concernant la crise énergétique, comment voyez-vous la suite ?

On est comptables des décisions passées qui nous ont affaiblis : ce sont dix ans de politiques écologistes antinucléaires qui ont soldé notre souveraineté énergétique. La loi Énergies renouvelables, contre laquelle j’ai voté, n’est pas convenable. On était leader dans le nucléaire, on doit redonner une part importante à cette énergie décarbonée. Les éoliennes ne vont pas résoudre le problème. Oui à un mix énergétique avec la géothermie, le photovoltaïque, l’hydrogène, mais surtout il faut remettre le parc nucléaire en marche.

L’ambiance dans l’hémicycle a-t-elle changé depuis les dernières élections ?

Je suis affligée de la manière dont cela se passe. Ce ne sont que des hurlements insupportables. Les codes de bonne éducation et le respect sont bafoués. Il y a une part de l’hémicycle qui pense qu’on peut faire un cirque permanent. Je note malgré tout que par rapport au précédent mandat, nous avons à LR une plus grande considération de la part du gouvernement, une oreille plus attentive qu’avant, mais il ne faut pas se leurrer. Il n’y a pas vraiment de pilote dans l’avion. Le gouvernement essaie d’embrouiller et de diluer les institutions de pouvoir. On a créé le flou, alors que les Français veulent qu’on rende le cap clair, limpide et compréhensible.


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