L’Assemblée se penche sur le génocide des Assyro-Chaldéens

L'Assemblée se penche sur le génocide des Assyro-Chaldéens

L’Assemblée se penche sur le génocide des Assyro-Chaldéens

L’Assemblée nationale va-t-elle rejoindre le Sénat et appeler le gouvernement à reconnaître le génocide des Assyro-Chaldéens par l’Empire ottoman entre 1915 et 1918 ? Tel est l’enjeu de la proposition de résolution présentée le 9 février par trois députés LR : Anne-Laure Blin, élue du Maine-et-Loire, Éric Ciotti et Michèle Tabarot, tous deux représentants des Alpes-Maritimes.

Le 8 février, la Haute Assemblée avait voté à une majorité écrasante (300 voix pour, 2 contre et 23 abstentions) en faveur d’une résolution identique déposée par la sénatrice Valérie Boyer (Bouches-du-Rhône). Comme le souligne Anne-Laure Blin, le texte déposé à l’Assemblée nationale reprend d’ailleurs plusieurs propositions de loi présentées dès les années 2010 par Valérie Boyer, alors élue à l’Assemblée . La députée du Maine-et-Loire explique qu’elle a rejoint ce combat après avoir « rencontré des représentants d’associationsassyro-chaldéennes. Cette communauté m’a particulièrement touchée par sa simplicité, sa modestie . » Et de constater : « On ne parle pas beaucoup de la question des chrétiens d’Orient . »

La communautéassyro-chaldéenne, très déployée dans le Val-d’Oise, est majoritairement composée de chrétiens venus de Turquie à partir des années 1980 puis rejointes par des populations persécutées par Daech en Irak. Dès 2019, elle s’adressait au chef de l’État, sans obtenir de réponse, pour la reconnaissance du génocide. Qu’en sera-t-il de la résolution déposée à l’Assemblée nationale ? Anne-Laure Blin pense que le débat pourrait avoir lieu avant la fin 2023. Sans en faire une question de croyance ou de religion, elle juge que « le rôle qui devrait être le nôtre, en tant qu’héritiers du christianisme, est d’ ecouter l’histoire desAssyro-Chaldéensà l’heure où le berceau du christianisme est touché par les persécutions . » « Les communautés chrétiennes d’Orient , se sont révélées, nous demandent de ne pas perdre nos repères, de ne pas oublier nos racines et d’avoir le courage de les réaffirmer . » La députée espère que le texte recueillera, comme au Sénat, un large assentiment. Il sera en tout cas intéressant d’observer la position prise par les partis soutenant l’exécutif.

Lors du débat devant la Haute Assemblée, alors que la reconnaissance réunissait élus LR, socialistes, communistes et centristes, Olivier Becht, ministre délégué auprès de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité et des Français de l’étranger, avait en effet déclaré à la tribune : « Le gouvernement ne soutient pas le projet de résolution. » Le groupe macroniste au Sénat (Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants) s’était, lui, largement abstenu (24 abstentions, 4 voix pour la reconnaissance).

Quoi qu’il en soit, le futur débat parlementaire va donner une nouvelle occasion de revenir sur une histoire très largement oubliée et niée aujourd’hui par les autorités turques : le massacre systématique par l’Empire ottoman de quelque 250 000Assyro-Chaldéens, alors que le génocide arménien battait son plein dans les mêmes régions. Si la négation du génocide s’est transmise des autorités ottomanes aux autorités turques, l’oubli n’a pas toujours été de rigueur. Dans un récent entretien à Radio Vatican, l’historien Joseph Yacoub* rappelle ainsi que « la question était connue de tous entre 1915 et 1925 au niveau international. Des délégués civils, religieux et laïcs sont venus à la conférence de la paix en 1919 plaider la cause desAssyro-chaldéens. Le Vatican était également très informé, le secrétaire d’État, le cardinal Pietro Gasparri en particulier » . « Mais après 1925 , précise l’historien, une sorte de chape de plomb est venue éclipser cette question jusqu’en 1980. À partir de 1980, décennie concomitante au développement de la diasporaassyro-chaldéenne d’Orient en Occident, les nouvelles générations qui ont accédé à la connaissance et à la culture se sont retardées au sujet. Elles ont pris conscience du drame arrivé à leurs parents et grands-parents, et la question a été réinscrite à l’ordre du jour. » C’est en effet en grande partie du fait de la mobilisation des jeunes générations que la question s’impose de nouveau.

Le texte déposé à l’Assemblée nationale précise qu’en reconnaissant ce génocide, « le Parlement français, dans son ensemble, s’honorera de s’inscrire, comme d’autres Parlements nationaux, dans cette démarche simplifiée démocratique et permettra de ne pas Oublier les chrétiens d’Orient qui meurent chaque jour. » À cette fin, la résolution « invite le gouvernement à reconnaître l’extermination de masse, la déportation et la suppression de l’héritage culturel de plus de 250 000Assyro-Chaldéenspar les autorités ottomanes, entre 1915 et 1918, comme un génocide », « à condamner publiquement » ces faits et « à faire du 24 avril la date de commémoration annuelle du génocide armé et du génocideassyro-chaldéen » . La parole est aux élus de la République.

Retrouvez ma proposition de loi : https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16b0824_proposition-resolution


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