Crise dans la protection de l’enfance : enquête sur un système à bout de souffle
Le 8 avril dernier, après plusieurs mois de travail, le rapport parlementaire sur « les manquements des politiques publiques de protection de l’enfance » dressait un constat alarmant de la situation. Dans le Maine-et-Loire, plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer un système en faillite.
Pendant près d’un an, des élus de tous horizons, rassemblés au sein d’une commission d’enquête, ont travaillé sur « les manquements des politiques publiques de protection de l’enfance ». Le rapport, rendu public le 8 avril dernier, dépeint un secteur en grande difficulté. Il qualifie l’État de « premier parent défaillant de France », pointant du doigt une absence de vision globale pour l’enfance.
Ce rapport montre notamment que le nombre de mesures d’aide sociale à l’enfance a très fortement augmenté. En 2023, environ 397 000 mesures étaient en cours, représentant une augmentation de 44 % depuis 1998.
Dans le rapport remis par les parlementaires il y a quelques semaines, 92 recommandations sont formulées. Parmi celles-ci : la création d’un ministère de plein exercice dédié à l’enfance ; l’élaboration d’une stratégie nationale pluriannuelle pour la protection de l’enfance ; le renforcement du service social scolaire pour améliorer la détection précoce des situations à risque ; la généralisation de l’accueil familial pour les enfants de 0 à 3 ans, avec un objectif de mise en œuvre d’ici 2030 ; la création d’une commission de réparation pour les enfants ayant subi des maltraitances institutionnelles ; une revalorisation salariale et amélioration des conditions de travail pour les professionnels de l’ASE, ou encore la mise en place de formations spécialisées pour les travailleurs sociaux.
« La politique publique liée à la protection de l’enfance n’est pas au niveau. Il faut remettre sur pied l’ensemble des dispositifs », juge Anne-Laure Blin, députée de la 3e circonscription de Maine-et-Loire, qui fait partie des trente parlementaires qui ont participé à la commission d’enquête « sur les manquements des politiques publiques de protection de l’enfance ».
Pour l’élue, il y a désormais « la nécessité d’une approche systémique et coordonnée des institutions, la formation et la valorisation de l’engagement dans les secteurs sociaux, et la garantie de la défense du contradictoire pour les enfants et les parents. Le placement est la solution de dernier recours. Pourtant, ce n’est clairement pas le cas dans la pratique ».
« Dans le secteur de la protection de l’enfance, comme dans d’autres, il y a une multitude d’entités et d’acteurs. Plus personne ne sait qui fait quoi. Cela ne permet pas une bonne efficacité du système. Il faut désormais une volonté politique pour faire bouger les lignes », conclut la députée Les Républicains.