La constitutionnalisation de l’IVG n’était pas indispensable.
Le Congrès était réuni à Versailles hier. Le Congrès est la forme que prend la réunion du parlement quand il œuvre comme « constituant » c’est-à-dire pour modifier la constitution, texte suprême qui régit le fonctionnement de la République Française.
Un grand raout donc en présence de la quasi-totalité du gouvernement sommée d’assister depuis les tribunes à cette officialisation de la constitutionnalisation de l’accès à l’interruption volontaire de grossesse.
La Présidente de l’Assemblée Nationale a même indiqué que la journée était historique avec la consécration d’« un droit nouveau ». Tout le travail avait pourtant été fait : est-ce nécessaire de rappeler que Simone Veil a mené ce combat en 1975 et que de longue date le conseil constitutionnel lui a conféré « valeur constitutionnelle » ?
Dans le même temps, les féministes ont prétendu célébrer la femme et revendiqué que finalement la seule liberté de la femme réside dans celle de disposer de son corps.
Et des associations ont crié à la victoire idéologique.
Je regrette que la question de la constitutionnalisation se soit cristallisée autour du questionnement pour/contre l’IVG car là n’était pas la question :
> Le sujet de la « constitutionnalisation » a été mis en discussion en France après une décision américaine d’interdire l’IVG dans certains États. Mais la France n’est pas les Etats-Unis !
Et sait-on que depuis 2022, quand 14 États américains ont interdit l’IVG sur leur territoire, 17 ont renforcé ce droit ?
L’honnêteté aurait commandé de le dire mais le débat public est resté concentré sur la seule « restriction » et le risque de le voir se réaliser en France et donc de jouer avec les peurs.
> La constitution ne devrait pas devenir un texte fourre-tout dans lequel on peut dresser une liste de droits. Ce n’est pas un catalogue. Elle est au contraire un socle, une base qui permet de régir la vie de nos institutions françaises. Si vous rentrez dans cette logique pourquoi ne pas garantir l’équité en sanctuarisant « en même temps » la liberté de conscience des professionnels de santé ou en se prémunissant de la marchandisation du corps humain avec l’interdiction de la gestation pour autrui ?
> Ensuite, cette volonté de constitutionnalisation arrive dans un moment où les militants et l’idéologie confisquent toute réflexion voire tout questionnement au profit d’un avortement sans limite et sans condition à accepter sous peine d’être caricaturé. Une volonté d’aller toujours plus loin comme cela l’a d’ailleurs été rappelé à la tribune par une oratrice.
Je ne me résoudrai jamais à ce que notre société se replie sur l’individualisme. Ce n’est pas de l’altruisme, ni de l’humanisme que de renvoyer chaque individu à sa propre décision en brandissant finalement comme étendard sa liberté.
Personnellement, je crois en une société qui accompagne, qui écoute et qui porte l’attention aux autres comme valeur cardinale. Aux autres différents, aux autres fragiles.
Une société où chacun accueille l’autre tel qu’il est, pour ce qu’il est. Avec parfois ses différences, ses doutes ou difficultés de la vie.
Les débats que j’ai vécus en tant que député m’ont toujours interrogée : pourquoi dans la société d’aujourd’hui peut-on consacrer autant d’énergie à la protection animale quand il est interdit d’oser évoquer le commencement de la vie humaine ? Les partisans de la biodiversité animale et végétale sont bien peu prompts à promouvoir la biodiversité humaine au profit d’un monde aseptisé et eugéniste.
Si chaque position se respecte, les directions qui sont prises peuvent susciter tout de même la tristesse. J’essaie pour ma part d’être cohérente et de placer l’Humain et l’avenir de l’Homme avant tout.
Ma décision a été de ne pas me joindre à la majorité qui s’est dessinée hier. Chaque jour, je m’engage pour accompagner mes concitoyens telle que je suis, avec mes convictions et le courage de les défendre même si parfois les opposants peuvent me dépeindre en des termes peu élogieux et de manière caricaturale.
Comme tous les autres parlementaires, j’ai voté en conscience et suis fière d’avoir porté, sans jamais flancher, jusqu’au congrès ma divergence.